Homenaje a Braque

Hommage à Braque

1990

Acier

200 x 143 x 36 cm

Réalisée dans la forge de Patricio Echeverría à Legazpia.

Chillida s'est lié d'amitié avec le peintre français par l'intermédiaire de la galerie Maeght. Braque et lui ont travaillé et exposé dans la même galerie et s'appréciaient beaucoup. Chillida l'évoquait ainsi : « Braque était très sympathique, très simple, formidable. Le fait d'avoir échangé une de mes sculptures alors que je débutais t'indique immédiatement quel homme était Braque. Je voulais lui offrir une sculpture qu'il avait aimée et lui, il voulait l'acheter. Mais je n'acceptais pas de recevoir de son argent. Pour moi, c'était une joie de pouvoir lui offrir une de mes sculptures qu'il avait aimée. Je l'ai laissée dans la galerie Maeght : “Ceci est pour Braque” et quand je suis revenu au bout de quinze jours, il m'attendait. Ils m'ont dit que Braque m'attendait à six heures à l'atelier. J'y suis allé et il m'a ouvert la porte lui-même. Tout se trouvait contre le mur, à l'exception de deux petits tableaux. Et il m'a dit: “Lequel des deux est le tien ?” Je l'ai bien sûr compris et je lui ai dit : “Celui de droite.” Et il s'avère qu'il était même déjà dédicacé. “Pour Chillida, avec toute mon amitié.” Braque était comme ça. C'était un homme très spécial, très introverti par rapport à d'autres artistes comme Picasso par exemple. Les tableaux de Braque étaient tous adossés contre le mur. Personne ne les voyait jusqu'à ce qu'ils soient terminés. C'était un homme très organisé, très sérieux, une très bonne personne. Il m'a recommandé de lire Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, d'Eugen Herrigel. » Dans ce livre, Chillida a lu « le désir dévie la flèche », une phrase qui l'a beaucoup marqué. Il y est dit qu'il est nécessaire de se défaire de tout désir pour faire mouche. L'artiste aborde ses œuvres de cette manière. En particulier celle dédiée à Braque. Alors qu'il l'a réalisait, il ne savait ce qu'elle allait donner et soudain, un jour, il a vu qu'elle était terminée. Si on l'observe attentivement, il est possible de reconnaitre la silhouette d'un oiseau dans la partie inférieure. Lorsque Chillida a découvert cette forme, il l'a considérée comme terminée. Le tableau que Braque lui a offert représentait un oiseau, tout comme le Yunque de Sueños (Enclume des rêves) que Chillida a offert au peintre français rappelle un oiseau en plein vol.